l’absence des insectes

Sans doute frappée d’écoanxiété, je n’arrête pas de remarquer l’absence pesante des insectes dans les jardins. Je n’ai pas lu Printemps silencieux de Rachel Carson mais la perception de leur absence me fait penser sans cesse au titre dc ce livre. Par contraste ils me semblent omniprésents dans le livre que je suis en train de lire (Pays de neige de Kawabata) :
Du bouquet de cèdres que pouvait voir Shimamura de sa fenêtre, de nouveau des bataillons de libellules s’échappaient, tourbillonnant et dansant aux approches du soir dans une frénésie croissante, pris de fièvre et de hâte, eût-on dit. […] Les libellules rouges, en été, s’y ébattaient en paix, majestueuses, et venaient se poser sur votre chapeau, votre manche ou sur la branche de vos lunettes…
Je pense aux hannetons de mon enfance que nous enfermions le temps d’une récréation dans des boîtes d’allumettes percées. Je revois leur carapace marron jaune, leurs pattes crochues crissant contre le carton de la boîte d’allumettes, je repense à ce nom de coléoptères.
Est-ce que bientôt nous ne verrons plus les insectes que dans les livres ou les films ? Et les oiseaux ? Déjà on observe que les corneilles de Paris saccagent les pelouses des jardins publics à la recherche de larves d’insectes qu’elles ne doivent pas trouver en nombre suffisant.

Laisser un commentaire