Le 7 bis ; une large trouée entre deux immeubles aux toits plats ; une grille noire en trois parties ; un portail central encadré par un fronton et deux colonnes de béton ; le fronton orné de trois panneaux de mosaïque ;
un hexagone allongé pour panneau principal ; assemblage de surfaces géométriques roses bleues foncées gris blanc ; une mer cubiste contre une jetée de tesselles et l’inscription verticale de l’année 1904 ;
un bateau de mosaïque sur chaque losange latéral ; comme un rappel du blason de la Ville sculpté à l’entrée de la rue ; fluctuat nec mergitur ; le 7 bis vu d’en face vu d’un troisième étage ; une échappée vers les toits vers le ciel ; une grande cour de ciment rouge dallée en son centre ; puis une allée de ciment rouge bordée de deux rectangles de pelouse ; puis un petit escalier et l’allée se glisse derrière un atelier de sculpture à présent fermé ; souvenir d’une statue néo-antique plantée sur la pelouse neigeuse ; face à l’atelier quatre arbres dénudés ;
en cet aujourd’hui d’hiver ; deux grands tilleuls vert argent l’été ; d’un jaune exubérant l’automne ;
le 14 novembre 2014 ils foisonnaient encore de feuilles lumineuses ; je te montrerai la photo sur mon
téléphone ; le 14 novembre 2015 les feuilles sont déjà tombées ; on sort dans l’air figé ; on cherche
à reprendre son souffle ; on ne pense pas à celle qui ne passera plus devant le portail aux mosaïques ;
on ne sait pas encore ; quelques jours quelques numéros plus loin des bougies s’allumeront ; des fleurs ; derrière le portail noir toujours fermé le regard suit l’allée derrière l’atelier ; sur la droite un jardinet suspendu à mi-hauteur des tilleuls ; devant un immeuble de briques orange ; de larges escaliers métalliques à l’extérieur ;
la haute terrasse de la crèche et des vitres peintes de sapins et de bonhommes ; ensuite les toits d’ardoise et les cheminées sous le ciel où le regard prend le large

 

Texte inspiré de la proposition de François Bon pour son atelier d’hiver du lieu, 1 | lieu point-virgule