Les jardins sont fermés maintenant, les grilles ont été tirées, poussées, verrouillées.
Les jardins sont clos, ils sont empreints d’un silence apparent que feutre le bruit de nos pas. La lumière s’évanouit. De temps à autre, il m’indique le nom d’une fleur, nous marchons lentement.

Le jardin renferme des milliers de noms, inaccessibles à l’impatience, au latin précis, rébarbatif, qui laisse perplexe l’amour spontané qu’on pourrait vouer aux grands arbres, aux fleurs si nombreuses, à leurs pétales superposés.

Maintenant il se tait, nous avançons sur les traces d’un rituel secret. Nous passons au bord de la jungle, nous passons entre les rhododendrons géants, leurs fleurs s’agitent doucement. Une pensée furtive m’effleure, si quelqu’un surgissait de ces massifs ?

Il regarde les arbres sans rien dire, le vent se lève, hérisse le sommet des massifs, froisse les feuilles souples des eucalyptus. Il n’y a plus personne dans le jardins mais chaque présence serait vraisemblable, toute apparition même la plus monstrueuse pourrait advenir.

Nous remontons l’allée qui serpente autour d’un arbre à larges feuilles rouges, je n’ose pas rompre le silence pour lui demander son nom. Le crépuscule rend le paysage presque abstrait, chaque seconde glacée par le déclin de la lumière.