Shirotae

De loin, apercevoir sa blancheur qui s’étale sur l’herbe en direction des fleurs piquées dans la pelouse. Il était temps de venir au Jardin des Plantes pour rendre grâce à la floraison inouïe – mais éphémère – du Shirotae, ce cerisier du Japon dont un petit écriteau indique que sa famille est issue d’un processus millénaire de sélection et d’hybridation à partir d’espèces sauvages de Chine et du Japon.

Je n’aurais pas pu être botaniste, je serais devenue folle, la tête me tourne au milieu du nombre incommensurable de pétales éclos sur les branches, et l’interminable variété des espèces de prunus donne le vertige : cerisier de Sainte-Lucie, cerisier acide, cerisier tardif, cerisier à grappes, cerisier Yoshino, cerisier serrulata, cerisier d’hiver, amandier à fleurs du japon, prunus de Gondouin… et mille autres noms qui feraient une magnifique énumération.

La pluie fine puis battante ne décourage pas les quelques promeneur.se.s venu.e;s admirer le shirotae. Elles, ils, se sourient, se parlent. ” En ce moment, tellement de choses terribles… cela fait du bien de voir la beauté du monde. ” Dans leur vénération, il y a une véritable gratitude. Un homme se propose de me photographier devant l’éblouissante efflorescence, je décline son aimable suggestion.

Je tourne autour du Shirotae puis je m’éloigne au gré des allées pour le contempler à distance avant d’aller m’intéresser à d’autres arbres et arbustes : lilas, amandiers, cognassiers du Japon, arbre à papillons, autres cerisiers dont certains – leurs bourgeons rouges encore serrés – attendent leur heure de gloire. Puis je reviens au Shirotae, la pluie goutte inlassablement sur mon parapluie, je regarde ses fleurs se détacher du ciel lourd, je me laisse submerger par sa beauté, par le foisonnement de ses fleurs.

Sous un ciel de neige
le cerisier répand
sa blancheur innombrable

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