repères

FERRY – ce côté brut du ferry, son mugissement à l’entrée des ports, sa hâte soudaine à quitter les embarcadères. Le prendre matin et soir entre les îles. Pour aller en ville. Pour rentrer le soir. Un jour un long beuglement accompagné d’une puissante décélération : il s’arrête de justesse à quelques mètres d’un îlot rocheux.

STATUE SQUARE – un peu d’air, un peu de vert entre les gratte-ciels de Central. S’y asseoir un instant. Souvent des employées philippines s’y retrouvent, s’y reposent. Une brève halte dans leur semi-esclavage.

BAGUETTES – il est recommandé de les tremper dans un verre de thé bouillant avant usage. Tu essaies d’enrouler autour de leur axe les délicieuses tiges, longues, visqueuses d’un légume vert dont tu ne retiendras pas le nom.

CHEMIN DE BÉTON – c’est un étroit chemin clair coulé au travers du marais. Un tracé net entre le foisonnement de feuilles gigantesques. On peut le suivre jusqu’aux collines embrumées, entre coassements, stridulations et reptations multiples.

SCINTILLEMENTS – mille lumières dans la nuit, la Skyline s’illumine, se reflète dans la Baie. On reste émerveillé.e.s, sidéré.e.s. Aveuglé.e.s.

SERPENTS – deux cent vingt espèces, dit-on, dont la moitié est dangereuse, toxique si ce n’est mortelle. Apprendre à les reconnaître, rester à l’affût. Ici on redoute surtout le crotale des bambous, un long serpent vert vif à la gueule féroce. On craint aussi le bongare rayé. Et G te parle du cobra royal, toujours présent dans les collines de Lantau.

LUNG MO TEMPLE – bâtiment rouge d’un étage en front de mer, côté est de l’île. De gros bâtons d’encens fumant dans des urnes dorées, deux piliers décorés d’où jaillissent la tête et les pâtes avant d’un dragon doré, une accumulation d’offrandes : fleurs, oranges, pommes et confiseries.

RACINES – elles fissurent le ciment, le percent, elles soulèvent les pierres, se ramifient, se recourbent, épaississent, se durcissent, elles sinuent sur la terre en prolongeant les troncs multiples de l’énorme ficus.

ŒIL DU DRAGON – tu l’as vu deux fois dans les marais, cet œil sombre exorbité, globe rond à fleur d’écailles. La première fois, la vision de la tête rose du dragon à travers les feuillages t’a révulsée de la tête aux pieds. C a ri. Elle était déjà habituée aux lézards en tout genre.