PARALLÈLE – L’Acrobate, blanc visage, avance vers nous sur un énorme ballon rouge. Fille ou garçon, traits fins noyés dans sa pâleur, qui habilement marche à reculons pour faire avancer son ballon sur la piste. Double sens. Apparition qui nous ravit. Vision qui foudroie et emporte l’enfant que je suis, de tels êtres existent donc à la lisière de la réalité, à peine incarnés, déjà évanouis dans la pénombre où se trame une vie parallèle une vie que… peut-être moi aussi… un jour…. Parallèles, nos trajectoires n’auraient jamais dû se croiser, même à l’infini : à côté l’un de l’autre, selon l’étymologie, nous aurions cheminé jusqu’au bout sans jamais nous rencontrer. Pourtant existe un lieu pour la rencontre, pas une intersection, mais un lien, une passerelle ou peut-être cette buée sémantique qui s’étend sur tous nos parallèles, substantif ou adjectif, féminin ou masculin. Car entre toi et moi j’ose tracer un parallèle, je relève une analogie cet état d’apesanteur où flotte ta grâce mais qui me fait trébucher de maladresse. Un soir de mon enfance, nous nous sommes trouvés au même point sur l’un des parallèles qui strient la Terre de l’équateur aux Pôles, indiquant les latitudes du Nord au Sud. Ainsi le 47e relie invisiblement Dijon, la mer d’Azov, les villes de Chișinău, d’Oulan Bator, l’île de Sakhaline et tant d’autres, nous sommes bien loin d’avoir fait là le tour du monde ou le tour de la question. Alors s’il faut pousser le mot dans ses derniers retranchements, utilisons les parallèles de Vauban pour l’encercler méthodiquement mais bientôt c’est moi qui serai assiégée par d’autres mots venus en renfort. ÉTRANGETÉ, AUTRE, DOUBLE réclament leur dû et font valoir leurs prérogatives en matière de fantastique. Ils m’attirent dans leurs ramifications, l’AUTRE et son pouvoir d’altération qui fait luire sur l’habituel cette inquiétante ÉTRANGETÉ et convoque le même, cet autre moi-même, mon DOUBLE, à ce glissement infini où le MIROIR magnifiquement déconstruit ne peut plus nous retenir de verser dans les mondes PARALLÈLES.