– Je vous propose l’orpiment, vous savez ce splendide pigment jaune d’or, du sulfure d’arsenic, on l’appréciait dans l’Antiquité, Pline le nommait auri pigmentum…
– N’a-t-il pas tendance à noircir à l’air ?
–  … un peu… mais c’est un jaune des plus profonds…
– S’il noircit au contact de l’air, est-ce qu’il est adapté à la réalisation d’une fresque ? Pas sûr que nous puissions l’utiliser, non ?

Ismaël se tait. Sa déception est perceptible, une pluie de poussière triste tombe en lui.

– Vous aimez les jaunes intenses …
– Beaucoup.
– Il y aura une paroi d’essais sur le chantier, vous pourrez toujours tester votre orpiment ou d’autres pigments jaunes. Mais attention à leur toxicité.
– Bien sûr… Merci. Merci pour l’orpiment.

Un sourire ravive le beau visage d’Ismaël. Il me regarde un peu hésitant, il semble vouloir ajouter quelque chose puis finalement me tend la main sans un mot avant de s’éloigner.