Autoportrait chinois – dernière pluie

Si j’étais… je
serais lundi serais l’Idiot serais Venise
serais avril serais rouge serais martial
serais Huit et demie serais spaghettis aux fruits de mer
ou spaghettis au beurre devant mon ordinateur
serais poivron serais l’été serais matin
serais Audrey serais Hong Kong serais ferry
serais un coupe-papier serais un kimono blanc
au col un peu rêche serais une île mais laquelle
serais la Folia serais Uranus serais baroque serais mon double
serais la nuit serais parmentier de canard avec oignons confits
serais rire virant fou rire serais l’odeur d’un livre
serais une tasse de thé trop infusé serais un rêve éveillé
serais le vingt-et-un serais un Spritz Campari ou deux
serais un chat tigré posté à sa fenêtre
serais l’Impératrice des Tarots Visconti
serais la tarte à l’abricot de ta grand-mère
serais une brasse coulée dans la fraîcheur d’un lac
serais l’Ours de pierre à l’entrée du Jardin Darcy
serais la sortie 2 du RER à Nanterre Préfecture
serais une coccinelle repliant ses ailes transparentes
sous la carapace écarlate serais le long jardin de la Villa
Monastero serais un regard rond d’oiseau ébrouant ses ailes
serais Mychkine ou Gloria Vancouver serais une figue verte cueillie
près de l’embarcadère pour Pellestrina serais un café ristretto
serais une porte dérobée ouvrant les chambres cachées d’un rêve
récurrent serais le Tibre serais un sabre clair made in Japan serais
le scintillement de la mer persistant sous mes paupières fermées