Soleil vertical. Soleil implacable. Lumière éblouissante qui effrite la ville. Blesse le noir du dedans. Il faut continuer d’avancer, à demi aveuglé.e. Ciel d’airain de la fatalité. Une silhouette marche dans la réverbération de la lumière, une ébauche d’humain se cristallise, se déplace à tâtons en plein midi comme l’aveugle dans son obscurité.

Le chemin arrive au coin d’une forêt où il se scinde en deux. Le chemin de gauche contourne le bord de la forêt avant d’entrer dans les bois. Le chemin de droite contourne le bord de la forêt avant d’entrer dans les bois. Au point de scission du chemin, hésitation. Chemin de droite ? Chemin de gauche ? On finit par emprunter le chemin vers l’Ouest. Une partie de toi prend en même temps le chemin de l’Est.

Mer scintillante. Iridescente. La regarder immobile, vibrante. Yeux fermés, les vagues irisées miroitent encore. Yeux ouverts, les vagues irisées miroitent encore. Image extérieure, image intérieure, tout pareilles. Il n’y a plus de frontière. C’est une expérience, un franchissement de soi, la sensation d’une paix profonde, d’une plénitude.

Derrière les grilles coulissantes, dans un coin de la cabine en bois, une ombre est tapie. Elle ne prend pas toujours l’ascenseur, elle se devine parfois au tournant d’un étage en montant l’escalier sur le tapis qui amortit les pas. Elle se laisse approcher mais pas dévisager, et si on veut la retenir, la fixer, elle s’estompe, elle  disparaît. Il est difficile d’apprivoiser ce fantôme qui m’attire dans les escaliers.

 

Texte écrit pour la première proposition Images mentales de l’atelier d’hiver de François Bon,
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