binario tre il treno proveniente da Milano… Résonance du haut-parleur, matité de cette voix d’homme. Attenzione al binario otto alla partanza del treno mille novecenta cinque Trenitalia Coup de sifflet strident le long du quai. Roulements de valises sur le bitume, claquements de talons précipités. Nouveau coup de sifflet perçant. Chiara, Chiara sbrigati ! crie une femme. Vibration contre sa cuisse. – Allo, Ugo… c’est bien toi ? Voix de femme à son oreille. Léa. Voix douce, un peu éraillée. Longs crissements aigus des freins le long du quai. – Mais tu es à la gare ? Tu repars déjà ? Blanc. Binario due il treno proveniente da Venezia Santa Lucia... reprend le haut-parleur. – Je ne sais pas encore, peut-être… Écho de sa propre voix dans le téléphone. Aboiements hargneux d’un petit chien derrière lui. – Je t’appelle parce qu’on a retrouvé tes lunettes de soleil. Elles avaient dû glisser sous le siège arrière. Binario cinque attenzione… Des cloches retentissent. – Je ne suis pas loin de la gare, poursuit Léa. Si tu ne pars pas tout de suite, on pourrait se retrouver sur la place Santa Maria Novella pour que je te rende tes lunettes. Les cloches sonnent à toute volée. – Oui, bonne idée. L’écho de sa propre voix comme celle d’un autre. – Alors je t’attends devant l’église.

 

Texte écrit pour l’atelier d’été de François Bon – Tiers Livre : Construire une ville avec des mots.
Proposition #9 :  fermer les yeux, et voyager dans tous les sons et bruits, en se laissant flotter temporellement et spatialement, qu’on peut associer au lieu point de départ .