芒種 Bôshu – Germes et grains

Fin d’année scolaire où tout se précipite : derniers cours d’aïkido et d’italien, des retrouvailles, des spectacles et quelques germes de nouvelles perspectives ? Sans oublier le déménagement intérieur : nous laissons notre petite chambre à Alice à l’autre bout de l’appartement et reprenons notre première chambre dans le premier appartement. Drôle de sensation de revenir dans cette chambre, souvenirs des premiers jours dans l’appartement tous les deux, alors enceinte de Noah qui naîtrait quelques semaines plus tard. Ces derniers temps la pièce était occupée par mon bureau et servait aussi de lieu d’étendage et de repassage du linge. Tant de choses à trier, à donner, à réorganiser, tant de choses – trop de choses – accumulées au fil des vingt-cinq vécus ici avec nos enfants de leur naissance à leur jeune entrée dans la vie adulte.

Matt m’emmène voir le spectacle de danse d’Angelin Prejlocaj, Requiems,  à la grande halle de la Villette. Impressionnante chorégraphie, impressionnant·es danseuses et danseurs, dix-neuf au total. Quelques jours plus tard, nous retrouvons Marc et JL que nous n’avions pas vu depuis l’été dernier comme il se protège de la propagation des virus que sa maladie lui fait craindre et préfère les terrasses de l’été pour revoir ses amis. Alice nous rejoint sur la terrasse de l’Ébouillanté où nous dînons. Le deuxième Spritz Campari que je bois me rend complètement exubérante.

C’est le dernier cours d’Italien. Valeria nous dit que nous avons énormément progressé cette année et nous répète combien elle apprécie notre petit groupe. C’est entièrement réciproque. Nous mesurons bien la chance que nous avons d’avoir une professeure aussi enthousiaste, cultivée, chaleureuse et exigeante. Nous serons sans doute nombreux à revenir en septembre. En attendant nous dégustons des douceurs aux amandes apportées par N. De mon côté, je sais que je n’ai pas assez travaillé car même si apprendre l’italien est très important pour moi, cela passe malgré tout derrière l’écriture et l’aïkido. Mais je me promets tout de même de travailler plus l’an prochain. Mes promesses n’engagent que moi qui veux bien y croire…

Nous allons voir La réunification des deux Corées de Joël Pommerat avec les parents de Matt de passage à Paris avant d’aller dîner au Bouillon Julien. La veille au soir ils sont venus dîner chez nous avec Marc qu’ils n’avaient pas revus depuis plusieurs années (depuis la pandémie ?). J’avais pris le temps et le soin de préparer un bon tajine au poulet avec des pruneaux, des figues sèches, des amandes et moultes épices. Peu à peu, lentement, le goût de cuisiner revient. L’expression de Ryoko Sekiguchi qui explique qu’un.e cuisinier.e est un marin dans sa cuisine offre une nouvelle perspective, plus attirante à une tâche devenue très fastidieuse pour moi.

C’est bientôt le départ pour Lyon, pour aller soutenir Noah après son opération. Longs couloirs du métro où je me dépêche tant bien que mal, chargée comme un Sherpa, après que Matt m’a laissée à Belleville car il y avait trop de circulation. Dans l’escalier de la station Hôtel de Ville, j’aperçois le métro à l’arrêt sur le quai mais quand je veux saisir ma valise pour descendre rapidement les marches le mécanisme de portage s’enraye, je n’arrive pas à la porter… un jeune homme avec un bouquet de fleurs (ça ne s’invente pas !) propose gentiment de m’aider, il prend ma valise, nous courons dans l’escalier et sur le quai, il crie Pardon ! pardon ! aux personnes immobilisées devant la porte pour qu’elles s’écartent et nous sautons à temps dans le métro. Grâce à lui, j’attrape le train de justesse.

L’opération de Noah se déroule pour le mieux, je le laisse à neuf heures à la clinique et j’entends sa voix au téléphone à quinze heures sur la Place Bellecour alors que je monte dans un bus pour le retrouver. Le lendemain je vais le chercher et nous rentrons chez lui en taxi pour lui éviter les soubresauts du bus que les chauffeurs font caracoler sur la colline à une vitesse surprenante.