K. : le projet

L’intuition de K. a surgi pendant l’été 2015 dans un atelier de François Bon sur le fantastique. Il était question de se perdre dans la ville. Comme je ne voulais pas suivre une piste trop autobiographique, j’ai  délocalisé l’errance en la situant dans la ville de K., un avatar de Hong Kong qui m’avait tant fascinée. Ainsi un personnage, un homme, appelé Tu (presque interpellé) est tout de suite apparu dans une rue de K. où il s’était égaré. C’était dix ans après la scène où nous le voyons boire un café en attendant L. Il recherchait l’appartement où il avait vécu avec L. et ce faisant il s’était perdu dans une ville qu’il ne reconnaissait plus tout à fait. Malgré cette apparition – très forte pour moi – je n’avais pas pensé alors écrire une histoire, encore moins un livre. Mais je voulais écrire, rêver un univers, celui de K., un peu comme cela viendrait. Quelques textes ont ainsi vu le jour sur ce site. Puis en 2020, lors d’un nouvel atelier de François Bon, un fil d’histoire plus précis s’est ébauché : le départ de Tu et L. vers les îles pour fuir la dictature qui sévit à K. Tout s’est déclenché à ce moment-là, le désir de la narration; Bien des éléments se sont précisés au fil de l’écriture, d’autres personnages sont apparus au fil de l’eau, comme Le Gardien, Song ou Mirna…

Je publie dans cette rubrique les textes relatifs à K. écrits pendant les ateliers d’écriture ainsi que de temps à autre un journal d’écriture de K. Les autres pages de K., aujourd’hui plus d’une centaine, restent pour l’instant à l’ombre de mes dossiers. Publier ces quelque cinquante textes comme un fragment de mosaïque me donne un certain recul sur l’avancée de mon projet.

Pendant longtemps j’ai été et ai voulu rester dans une liberté vis-à-vis de l’histoire contée qui ne se révélait qu’au fil de l’écriture et grâce à elle. Aujourd’hui la ville de K., ses bâtiments, son histoire, sa mémoire tronquée se sont développés au point qu’ils impriment une nécessité de cohérence aux déambulations des personnages, certains d’entre eux se sont tellement incarnés qu’ils dictent maintenant les hypothèses de leur devenir.

Je ne sais pas où je me suis embarquée. J’ai enclenché une mécanique complexe, un archipel narratif qui me dépasse mais que j’espère mener à bien. Au fond j’aimerais que l’univers que j’écris, les fils narratifs que je tire constituent une sorte de palais incongru et merveilleux comme le palais du facteur Cheval qui sert d’illustration à cette présentation.

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