tremblements…

J’ai vu la photo de couverture, le titre, le nom de l’auteur, j’ai attrapé le livre, format poche, sur la droite, près de l’entrée de la librairie. Ce devait être presque l’hiver car il faisait déjà nuit, sans doute en 2010. Je n’avais encore lu aucun livre de l’écrivain. Sur la quatrième de couverture, le nom mythique d’une ville lointaine qui suinte la moiteur, la fascination, le mal-être, du moins ce sont les sensations que j’avais éprouvées dans ses ruelles il y a longtemps au cours d’un voyage qui m’avait profondément marquée. La forme particulière du récit, le rythme des premières pages m’ont happée et je suis repartie avec. Pas de souvenir des circonstances de la première lecture, j’étais engloutie dans le cours du livre, les alentours s’étaient effacés. Je m’étais trompée sur le sens du titre, j’y avais perçu quelque chose d’intime alors qu’il s’agissait d’un lieu. Comme la géographie imprime les rêves et les désirs, j’ai gardé superposées en moi les deux significations, inséparables. Il est là, beau dans son usure, des pages se sont décollées, je l’ai relu cinq ou six fois. Chaque fois j’ai la sensation qu’il m’accueille autrement, que j’y trouve une nouvelle place, comme dans une maison dont j’aurais auparavant entrevu certaines pièces seulement dans la pénombre. Je le relirai. Sa violence, sa poésie, son humour féroce, ses incantations ont profondément tremblé en moi et y résonnent toujours. J’ai l’impression qu’il m’a modifiée génétiquement ou alors qu’il a servi à exprimer des gènes dormant dans mon corps.

Pour le nouvel atelier d’été de François Bon, Comédies Humaines, écrire un texte sur un roman qui nous a marqués, les circonstances de sa découverte et de sa lecture, sans citer les noms du roman et de son autrice/auteur.

One Reply to “tremblements…”

Comments are closed.