prologue au double voyage

À Venise, cherchant le palazzo Mastelli del Cammelo.
À Donastia, le long du rio Urumea.
À Bonifacio, le balcon de la rue Doria, l’église Sainte Marie Majeure, miraculeusement claire.
À San’t Erasmo, les petites embarcations près de la Torre Massimiliana.
À Ouessant, de la pointe du Pern au phare du Stiff, la fraîcheur de la mer d’Iroise.
À Amorgos, les fouilles abandonnées de l’ancienne Minoa, les escaliers grimpant au monastère de Khozoviotissa.
À Hong Kong, l’avion longeant les immeubles de Kowloon avant d’atterrir à Kai Tak.
Sur l’île de Peng Chau, un énorme cafard volant blotti derrière mon divan.
À Cagliari, Corso Vittorio Emmanuelle II, un groupe d’Hare Krisna défilait pendant la passegiatta.
À Shamian, un pont sur la Rivière des Perles où des centaines de scorpions morts séchaient au soleil.
À Manhattan, la tête retournée dans un vertige à l’envers, un sommeil irréel sur Ludlow Street.
À Lanzarote, le sable rouge, les convulsions de roche noire de Timanfaya.
À Groix, les marques jaunes du sentier côtier, la solitude de Port Tudy.
À Corfou, les fanfares pour la sortie de Saint Spyridon.
À Drottningholm sur le lac Mälar une cantatrice invoquant Striiiiinnnnnnnberg !
À Catane en pensant à Goliarda Sapienza.
En Crète, nageant dans la mer de Lybie.
À Iwama sur les traces de Morihei Ueshiba.
À Cadix, le long de la calle Encarnacion
Sur l’île Instant, notre nuit de tempête.

J’étais à Macau je marchais avec Breughel en direction de Taipa.
J’étais à Pétersbourg, je suivais Rodion sur la Perspective Nevski, vers l’île Vassilievski.
J’étais à Quauhnahuac, je titubais avec le consul dans la Calle Nicaragua.
J’étais à Colombo,je descendais Indigo Street, toutes tentures baissées en début d’après-midi.
J’étais à  K., je marchais entre les étals de Long Mercy Camp, je regardais l’esplanade Bái-Hǔ.
J’étais à Sakhaline, j’arrivais à Tomari en suivant le 47ème parallèle Nord.
J’étais à Irina Island, je dissuadais Jay et L. d’embarquer sur le Paramouchir.
J’étais à Dommarien, je longeais le canal en allant au bar de l’écluse.
J’étais à Bombay, je naissais à minuit en plein mois d’août
.
J’étais à Dijon, j’attendais Éric Chevillard près de l’ours du Jardin Darcy.
J’étais à Olinde, j’écoutais Marco mentir sur Venise.
J’étais à la Nouvelle-Orléans, je marchais le long d’un grand nom, Mississippi.

En prologue à l’atelier Double voyage de François Bon, nous avons écrit un prologue en faisant résonner la scansion des Noms, “scansion de tout ce qui rassemble nos propres voyages, séjours, expériences, et la scansion de tout ce qui sous-tend nos rêves, aspirations, projets.

Image © Ubisoft