ressassement muet

Tu le sais la Doppia que j’ai repoussé les ruminations les ressassements comme des poussières derrière un meuble j’ai déjà perdu trop de temps en remâchements je ne veux plus rembobiner les mêmes rengaines je les ai envoyées se taire à l’arrière-plan ça te fait bien rire que je puisse croire en être débarrassée sous prétexte que je n’entends plus le chœur des récriminations des mises en garde des limitations arrête de te disperser le temps n’est pas extensible ou des crispations après tu ne viendras pas pleurer si ton chantier K. n’avance pas non je ne me plaindrai pas je n’ignore pas ces phrases toutes prêtes à bondir dans ma conscience mais pour l’instant elles se taisent elles tapissent le fond du cœur en silence je sais que tu n’auras pas aucun mal à les débusquer la Doppia serais-tu ma mauvaise conscience ? tu scrutes les notes les listes les oublis les reports tous mes stratagèmes pour tenter de faire entrer les projets en cours dans une journée une semaine un mois dans le temps imparti en évacuant l’angoisse du temps qui passe oui tu lis en moi comme si j’étais transparente et tu souris.

Pour la première fois depuis le début de l’aventure, je n’ai pas envoyé à f mon fragment du jour. Il était trop tard. Je le poste maintenant en me demandant si après l’atelier je poursuivrai sur la lancée cette pratique quotidienne du carnet.