trou noir

Une nuit profonde où se devine à peine l’arrondi lustré des têtes et des pieds de lits en rotin recourbé, les plis sombres des habits déposés sur une chaise, le drapé d’un rideau à demi tiré, les silhouettes des enfants blottis sous les draps, un corps de poupée plié à angle droit sur le froid du dallage et un galop noir sur l’horizon des rêves, ces loups en meute qui courent pour attraper tout ce qui bouge pour déchirer la chair endormie qui s’agite dans son cauchemar sans pouvoir s’en extraire et le fuir. Par instants, la lumière des phares filant sur le boulevard projette sur un mur les motifs géométriques des volets : alors s’entrevoit brusquement une forme sombre debout près d’un lit, devant les arabesques de fleurs du papier peint. De nouveau la lumière noire se répand, fourmillant des phosphènes en suspens qui émiettent l’obscurité qui égalisent les jouets les meubles de la chambre et laissent se coaguler l’ombre dense, la présence incertaine du profil familier qui aspire dans sa gravité l’insouciance et les souvenirs.

C’est la nuit, l’obscurité est profonde, on devine le contour du TROU NOIR. Une photo n’a pas été prise ou elle a fondu dans l’invisible. Le cerveau essaie de reconstituer les photos qu’il aurait pu déclencher si… Des instantanés se sont imprimés dans une mémoire morte, parfois des éclairs la secouent. Est-ce que je serai ce miroir d’obscurité ?

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