Rien n’avait changé. La nuit je marchais sur la Perspective Nevski, je traversais des faubourgs sans m’arrêter et j’arrivais tôt le matin sur les Fondamente Nove. Les vagues d’invisibles bateaux clapotaient contre le quai. Parfois au creux des après-midis, quand la chaleur crépitait sur les tentures baissées, je descendais Indigo Street.

Rien n’avait changé. Juste une sensation d’oppression plus forte contre les tempes, sur le plexus. Cette sensation s’accompagnait de monstrueuses pensées totalitaires. Bizarrement mes orteils persistaient à se sentir légers et libres, l’enfermement ne les avait pas encore gagnés.