Le mythe est le rien qui est tout.
Le soleil lui-même qui ouvre les cieux
Est un mythe brillant et muet ―
La dépouille mortelle de Dieu,
Vivante, mise à nu.

Celui-là, qui trouva un havre en ces lieux,
Reçut de son absence d’être une existence.
Sans exister il nous combla.
Parce qu’il n’est pas venu, il fut celui qui vint,
Il fut celui qui nous créa.

Ainsi s’écoule d’elle-même la légende
En venant pénétrer la réalité,
Qu’en son parcours elle féconde.
Plus bas, la vie, moitié
De rien, se meurt.

“O mytho é o nada que é tudo.
O mesmo sol que abra os céus
É um mytho brilhante e mudo ―
O corpo morto de Deus,
Vivo e desnudo.

Este, que aqui aportou,
Foi por não ser existindo.
Sem existir nos bastou.
Por não ter vindo foi vindo
E nos creou.

Assim a lenda se escorre
A entrar na realidade,
E a fecundal-a decorre.
Em baixo, a vida, metade
De nada, morre. »

Fernando Pessoa. Ulysse.