Il y un moment dans la vie des empereurs, qui succède à l’orgueil d’avoir conquis des territoires d’une étendue sans bornes, à la mélancolie et au soulagement de savoir que bientôt il nous faudra renoncer à les connaître et à les comprendre ; une sensation dirait-on de vide, qui nous prend un soir avec l’odeur des éléphants après la pluie et de la cendre de santal quand elle se refroidit dans les brasiers éteints ; un vertige qui fait trembler fleuves et montagnes historiés sur la croupe fauve des planisphères, laisse s’enrouler l’une sur l’autre les dépêches qui nous annoncent l’écroulement des dernières armées ennemies de déroute en déroute, écaille la cire des cachets de rois dont on n’a jamais entendu le nom et qui implorent la protection de nos armées victorieuses en échange de tributs annuels en métaux précieux, peaux tannées et carapaces de tortue : c’est le moment de désespoir où l’on découvre que cet empire qui nous avait paru la somme de toutes les merveilles n’est en réalité qu’une débâcle sans fin ni forme, que sa corruption est trop évidemment gangréneuse pour que notre sceptre puisse y apporter remède, que la victoire sur les souverains adverses nous a rendus les héritiers de leur écroulement.

Nella vita degli imperatori c’è un momento, che segue all’orgoglio per l’ampiezza sterminata dei territori che abbiamo conquistato, alla malinconia e al sollievo di sapere che presto rinunceremo a conoscerli e a comprenderli; un senso como di vuoto che si prende una sera con l’odore degli elefanti doppo la pioggia e della cenere di sandalo che si raffredda nei bracieri; una vertigine che fa tremare i fiumi e le montagne istoriatti sulla fulva groppa dei planisferi, arrotola uno sull’altro i dispacci che ci annunciano il franare degli ultimi eserciti nemici di sconfitta in sconfitta, e scrosta la ceralacca dei sigilli di re mai sentiti nominare che implorano la protezione  delle nostre armate avanzanti in cambio di tributi annuali in metalli preziosi, pelli conciate e gusci di testuggine: è il momento disperato in cui si scopre che quest’impero che ci era sembrato la somma di tutte le meraviglie è uno sfacelo senza fine nè forma, che la sua sorruzione è troppo incancrenita perche il nostro scettro possa mettervi riparo, che il trionfo sui sovrani avversari ci ha fatto eredi della loro lunga rovina.

Italo Calvino. Les villes invisibles.