…vers les autres Noms où la ville se déploie au loin… où elle se poursuit en d’autres Noms la ville… étirée par les tangenziale qui prolongent ses artères au loin, par les routes qui se faufilent sous des feuillages denses, bruissant, avant que de nouveaux Noms apparaissent, minuscules sur la carte, inscrits sur des panneaux décolorés… vers ces nouveaux Noms qu’un accent étranger prononce en l’imaginant se déployer au loin la ville… la ville ici en suspension dans l’informulé de la végétation profuse, sous les collines surplombant une rivière encaissée et nous, longeant sans le savoir le fiume Serchio, nos regards tendus vers un village juché sur un promontoire…

vers les autres Noms où il serait possible d’aller au loin… vers les autres Noms où il serait possible d’habiter… non pas attaché à une petite maison dans un lieu-dit, ni rivé à un village haut perché baigné par le soleil du soir mais perdu au loin dans les rues de la ville qui se reforme … qui se déploie dans les autres Noms où se projettent ses figures dans le lointain, ses coupoles rouges, ses campaniles encore, ses marchés, mais aussi des bâtiments administratifs épais, monumentaux, et peut-être des arcades plus hautes abritant les déambulations l’été le long des rues…

 

Écrit pour l’atelier d’été de François Bon – Tiers Livre : Construire une ville avec des mots
proposition #18 – bégayer – la magie d’un tel atelier, c’est ce qu’il fait advenir de langue — en 17 prises d’écriture, il y a forcément une phrase de vous qui vous a surpris, dérangé, étonné — résistive par sa syncope, sa couleur, voire sa maladresse apparente — alors partir de cette phrase, et elle seule, et la bégayer jusqu’à extraire son grain nu — la singularité même de ce qui émerge de voix, hors de vous et pourtant vous : document d’appui, Désespoir de Ghérasim Luca