variation open space

Sortir. S’extraire du RER. Nanterre Préfecture. Monter l’escalier. Suivre le couloir. À l’ammoniaque encore dans les oreilles. Glisser son Navigo pour ouvrir la porte de sortie. Prendre l’escalator. Voir apparaître l’immeuble aux carrés jaunes de la place Nelson Mandela. Avancer sur le parvis. Écouter les pas salariés résonner en rythme. Regarder derrière soi le soleil levant fiché sous l’arche de la Défense. Hésiter à prendre un croissant industriel pour un ersatz de plaisir. Préférer garder sa faim jusqu’à midi. Descendre le boulevard des Bouvets jusqu’au numéro un. Entrer dans l’immeuble, pas tout à fait une tour. Entrer dans l’ascenseur, garder les portes ouvertes pour laisser passer un collègue. Sourires polis. Sentir son corps se contracter à l’arrivée au troisième. Entrer dans l’Open Space. Quatre rangées de tables où travailler face à face, assis en chiens de faïence. Lumière des immenses baies vitrées. Il est tôt, il y a encore peu de monde. Aller ouvrir son casier. Attraper ordi, pot de stylos et cahier. S’installer près des fenêtres où il y a moins de passage. Retirer les écouteurs. Ouvrir l’ordinateur et pendant qu’il démarre aller dans la salle au babyfoot. Remplir la bouilloire. Attendre le bouillonnement de l’eau en supportant le langage so cool du boss juché sur un haut tabouret face à un de ses courtisans. Filer avec son mug de thé bouillant. S’asseoir à sa place, ouvrir ses dossiers. Remettre les écouteurs. La mémoire et la mer pour s’abstraire de ce panoptique d’entreprise.

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