Écarter les hautes herbes aux libellules furtives, fouler la vase et s’élancer dans les flots sombres filant au Confluent vers les eaux larges qui charrient les branches de la nuit d’orage dans le courant    sa force     ne pas lutter contre    mais étirer son corps dans l’oblique des flots sombres que la pluie a gonflés jusqu’à la langue de terre entre la rivière et le grand fleuve un frôlement sur les cuisses fait sursauter et l’image de l’énorme silure porté par deux pêcheurs fend la mémoire – combien de monstres blottis au fond des eaux ? – mais ce ne sont que des algues qui s’enroulent à la cheville et l’eau s’éclaircit en allant mouiller la rive.

Écrit pour le prologue de l’atelier d’été de François Bon et l’envie de nager, de traverser à nouveau la Vienne où depuis quelques étés, les algues dites bleues – cyanobactéries – interdisent toute baignade.