Écrire à la main (même au clavier cela reste un peu à la main) comme on façonnerait
de ses doigts une langue nouvelle, une langue bruissante sous le tracé du crayon, qui
exprimerait au fil des mots ce qu’elle aurait à dire, à creuser en apnée, glissant entre
les mots trop évidents, les syntagmes prêts à l’emploi sans envie de les explorer, glissant
vers l’obscur vers l’informulé pour s’y vivifier, se déparer des ornements, des atours
scintillants, éprouver sa vitalité dans le rien. Une hypnose de la langue.