“Le cinabre est aussi natif ou artificiel : le natif, qui se trouve en Ibérie est très dur et a l’aspect d’une pierre, comme celui de Colchide : on dit que ce dernier est suspendu dans des lieux escarpés et qu’on le fait tomber à coups de flèches. L’artificiel vient en petite quantité, d’un seul endroit au-dessus d’Ephèse. C’est seulement une espèce de sable qu’on recueille, et qui est brillant comme de l’écarlate. On le broie tout à fait dans des mortiers de pierre, et quand il est très menu, on le lave dans des vases d’airain, rarement dans des vaisseaux de bois : prenant de nouveau le dépôt, on le lave et on le broyé. Dans cette opération il y a un tour de main. Car de la même quantité, les uns extraient beaucoup de poudre, les autres peu ou rien. Mais on se sert des eaux des lavages précédents, les employant successivement. Ce qui tombe au fond est le cinabre; ce qui demeure en suspension est de l’eau de lavage. On dit que c’est un Athénien, ouvrier des mines d’argent, appelé Callias, qui a trouvé et enseigné ce procédé. Ayant pensé que c’était du sable d’or, à cause de son éclat, il se mit à en ramasser. Puis, lorsqu’il s’aperçut que ce n’était rien, il admira la belle couleur de ce sable, et il en arriva à faire cette préparation ; cette découverte n’est pas vieille, elle date d’environ quatre-vingt-dix ans (lire neuf ans), sous l’archontat de Praxibule à Athènes.”

Théophraste (disciple d’Aristote, 371 (Lesbos) – -288 (Athènes) Traité des Pierres