Incidemment tu retrouveras une femme, une femme d’âge mûr pas encore prête à glisser dans la vieillesse, une femme que tu ne reconnais pas immédiatement mais qui te reconnaît, elle, et qui t’aborde.

En l’écoutant, son visage te dit quelque chose. Elle a connu L., elle prononce son prénom chinois, elle le répète… un désespoir vertigineux vrille ton cœur.

À ses mots resurgissent des images de L. que tu avais oubliées.

Elle voudrait te parler plus longuement – elle regarde autour d’elle – mais aujourd’hui elle ne peut pas,
elle reviendra te voir, ici même, demain ou après-demain tu n’as pas très bien compris.

Il pleut des trombes d’eau tropicale et tu te retrouves vidé de toute pensée, de toute force, t’abritant sous un auvent de plastique, à peine capable d’enregistrer les quelques signaux lumineux propulsés sous tes yeux, comme les feux rouges à l’arrière de cette voiture qui s’arrête le long du trottoir ou les déflagrations de lumière crue que l’orage verse dans la nuit ou les couleurs translucides des bouées multicolores en forme de canards, de dauphins, de crocodiles, formes roses, jaunes, vertes ruisselantes de pluie entreposées au-devant d’une petite boutique.