nuit reptile

Guetter ses proies à la tombée de la NUIT quand le soleil s’éclipse
quand sous les ronces rampe toute une vie grouillante qui s’achemine
vers les clairières NUIT j’aime l’incertitude entre chien et loup
quand le jour s’immobilise avant la NUIT quand les iguanes descendent
vers le fleuve je me terre au pied des arbres comme racine noueuse
quand la NUIT monte sous les arbres je fige mon sang NUIT de l’iguane
visage syncopé d’Ava quand l’alcool brûle les veines pour que la NUIT tourbillonne
festin de danses et rêves ébauchés suis-moi dans ma NIGHT ma NUIT exubérante
ou ma NUIT opaque percluse NUIT sans écho sans plus pouvoir ÉCRIRE
la NUIT ne veut plus de moi le fleuve ÉCRIRE ne circule plus
NUIT ai rêvé d’un boa restrictor NUIT il serrait ma poitrine m’étouffait
NUIT il m’a avalée NUIT des forêts primaires NUIT plongée dans mémoire
archaïque NUIT retourner dans les grottes avant la NUIT de nulle lune
NUIT des craquements de branches NUIT aux froissements indistincts
NUIT des chamans muets NUIT on ne sait rien du feu NUIT peur à l’état brut
NUIT du guetteur NUIT ni love ni hate seulement la faim NUIT ma vision
infrarouge NUIT elles viennent à moi sans crainte NUIT cette curieuse racine
terreuse NUIT je les attends mes proies NUIT je déroute leur instinct
NUIT de la dévoration NUIT quand il est trop tard NUIT

 

Ecrit lors de l’atelier d’été 2019 de François Bon “Pousser la langue“, proposition #2